Des spécimens de l’industrie de l’âge de la pierre ont été recueillis autour d’Oujda, vers Sidi Yahia, quelques silex
taillés, dont un joli grattoir, à Aïn Serrak, des nucléus, lames, pointes, grattoirs à Sidi Moussa, sur l’Isly, des
grattoirs, lames, pointes et disques en quartzite. Certaines de ces pièces sont assez finement travaillées. L’industrie de
la pierre polie, qui coïncide avec le début des temps géologiques actuels, a également laissé quelques traces dans la
région. Vers les jardins de Sedd et au confluent de l’oued Nachef avec l’oued Isly, on observe des foyers du néolithique
ancien. Sur le plateau du Djorf El Akhdar, on a retrouvé une moitié de hache polie de forme dérivée de la hache en boudin.
On trouve des restes de l'activité humaine des temps primitifs dans les grottes des environs d'Oujda : silex, pointes,
etc. Enfin, un dolmen a été trouvé dans les environs d’Oujda.
Les populations indigènes de ces temps reculés se vêtent encore de peaux de bêtes, se parent de coquilles d’œufs
d’autruche. Mais on ignore s’ils cultivent la terre.
Autour d'Oujda et de Taourirt subsistent des tumulus berbères de formes variées, caractérisés par la pauvreté du
mobilier : restes d'os humains, perles, pendeloques de cuir, fers de lance, etc.
Antiquité
Avant l'arrivée des Romains, les populations établies à l’Est du fleuve de Moulouya sont unies sous le royaume de la
Masséssylie. Dans cet état riche en hommes et en produits du sol, la culture des céréales et l’élevage du bétail sont
développés. Il ne comprend probablement pas un très petit nombre de villes, comme Siga, qui remplacent les anciens refuges
construits avec des pierres sur les hauteurs.
En -105, d’après l’historien romain Salluste (Guerre de Jugurtha), le fleuve Mulucca (Melwiya) sépare le royaume de
Jugurtha, roi de Numidie, de celui de Bocchus, roi de Maurétanie. D’après certaines sources, le "castellum de Melwiya"
serait le Jbel Mahsseur situé à 20 km au sud d’Oujda.
En 42, la Maurétanie, devenue province romaine, est divisée en Maurétanie césarienne, de Sétif à la Moulouya, et
Maurétanie tingitane, comprise entre l’océan Atlantique et la Melwiya. En dehors de Rusadir (Melilla ou Mlilia), comptoir
fondé par les Phéniciens et utilisé par les Romains. Selon les historiens, il s'agirait de Lanigare, mentionnée par
Ptolémée, ou de Stabulum regis située à l'ouest de Nigrensis (Tafna).
Aucun document archéologique n'apporte d'élément décisif pour éclairer la présence romaine dans la région. Mais
quelques traditions locales actuelles maintiennent un souvenir de Rome, comme ces fractions de la tribu des Beni Snassen
(El Begia) qui se prétendent descendants des conquérants romains.
à partir du IIe siècle, le judaïsme, puis le christianisme, se répandent dans la région.
Des clans judaïsants et semi-nomades, s'établissent dans la région de Tlemcen et de Taza. Les persécutions antisémites
des Wisigoths et de Justinien réorientent beaucoup de juifs dans la région de la Moulouya, où ils sont florissants. Le
souvenir d'une grande époque juive dans la région se lit dans la légende de Sidi Yahya Ben Younès.
Dans l'antiquité tardive, la cuvette d'Oujda est peuplée de nombreux villages. Selon des traditions recueillies par
l'historien Abou Hamid El Ghazali, ils auraient été habités par des chrétiens, sous le règne d'un roi appelé El Ablak El
Fortas (l'albinos teigneux).
Conquête arabo-musulmane
En 682, la conquête arabe entreprise par Oqba Ibn Nafi Al Fihri sous le règne des Omeyades de Damas, est parachevée
vers 705 par Musa ben Nusayr.
Au milieu du XIe siècle, Oujda prend de l'importance grâce à son statut de ville relais sur la voie Sijilmassa – Orient.
Au fil de l'histoire des dynasties qui se succèdent en Occident musulman, Oujda finit par assumer une fonction stratégique
importante chez les Mérinides, installés à Fès ; en l'occurrence celle de base arrière dans leur conflit avec les
Abdelouadides de Tlemcen. Cette situation est à l'origine de plusieurs invasions destructrices auxquelles Oujda fut
exposée. De même, elle connut beaucoup de difficultés en se ralliant tantôt à l'Est, tantôt à l'Ouest en raison de sa
situation sur le champ d'affrontements entre les Saadienss et les Turcs. Longtemps, les souverains de Fès et de Tlemcen le
disputèrent et dès le XVIe siècle, il fut brigué par les dynasties chérifiennes du Maroc et les Turcs d'Alger. En 1692, le
sultan Ismail en chassa les Turcs qui ont établi leur hégémonie sur l'Algérie. Mais Oujda tombe de nouveau sous la
domination turque et leur sera reprise par le sultan alaouite Mohammmed III.
Fondation
La cité d'Oujda est fondée par Ziri Ibn Attia, vers 994 au centre de la plaine des Angads. Investi par les Khalifes
Omeyyades de Cordoue du commandement des deux Maghreb, Ziri Ben Attia (chef des Maghraoua, groupe de Zénètes nomades au
milieu d’une vaste plaine désertique) doit s’y imposer par la force, décide de s’installer au centre du pays qu’il va
administrer plutôt qu’à Fès ou à Tlemcen. Il résout donc de créer une "capitale" au milieu de la plaine des Angad, à
proximité de la source de Sidi Yahia, et de montagnes pouvant éventuellement lui servir de refuge. Mais le site d’Oujda se
justifie aussi par le croisement qui s’y opère entre deux grandes voies commerciales : la voie nord-sud de la mer à
Sidjilmassa et ouest-est de Fès à Tlemcen. Elle demeure pendant 80 ans le siège de la dynastie de son fondateur.
Dynastie des Almoravides & Almohades
Oujda passe au pouvoir des Almoravides puis à celui des Almohades qui y élèvent une nouvelle fortification.
Dynastie Mérinide
Après la destruction de la ville en 1272 par le sultan Abou Yaacoub Elmarini (Mérinide), son fils Abou Yaacoub Youssef
entreprend la relève en 1325, reconstruisant ainsi une kasbah, un palais, une mosquée, des bains et enfin réussit à lui
donner une certaine prospérité. La légende dit qu'elle est la ville de 360 portes qui s'étendait de l'ouest de Tairet aux
rives d'Isly, avec une infinité de quartiers dont on retrouve toujours les restes.
Dynastie des Saadiens
Dynastie Alaouite
Moulay Ismaïl, procède à partir de 1673 à la restauration et l'organisation de la ville et sa région.
Période Ottomane
1790-1797:Oujda fut occupée par les Ottomans.
Colonisation et décolonisation française
Après avoir été occupée par la France le 24 mars 1907, Oujda contribue efficacement à la lutte pour l'indépendance du
Maroc.
Pour des motifs de sécurité, le camp militaire français s’installe sur une butte (572m) qui, à 900 mètres au sud,
domine la médina.
En 1910, la voie normale des chemins de fer est prolongée de Maghnia en Algérie jusqu’à Oujda. Pour des raisons d’ordre
technique, la gare est construite à trois kilomètres au nord de la médina (village koulouche) vers 1920, autour de
laquelle apparaissaient des constructions d’intérêt commun :
. un marché couvert arabe sur la place de Bab Sidi Abdelouahab
. des abattoirs près de la Kasbah
. l’immeuble du Trésor
. le tribunal de première instance
. l'école Sidi Ziane (1907)
. le lycée des garçons et l’ancien collège des jeunes filles.
Les raisons de "l'occupation française"
Quand les troupes françaises viennent s'installer à Oujda en février 1907, elles le font à la demande de Moulay
Abdelaziz, le sultan régnant. En effet le rogui Bou Hamara occupait alors tout l'oriental Marocain depuis les versants de
l'Atlas jusqu'à la frontière algérienne. La ville d'Oujda avait même été occupée en juin 1903. Toutes les tribus de la
région depuis les Zkara, les Mhaya, les Sedjaa, les Beni Yala, les Mezzaouir, les Atsamna etc., ont fait allégeance à ce
"nouveau sultan". La grande tribu berbère des Beni Snassen, hésite entre les deux adversaires, penchant toujours du côté
du plus faible, de façon à entretenir le climat à l'abri duquel elle se trouve dispensée du paiement des impôts.
Après juin 1903, seules, la ville d'Oujda et la casbah de Saïdia restent Maghzen, parce que la France y veille.
à plusieurs reprises Moulay Abdelaziz demande à la France de s'installer à Oujda pour la soustraire aux ambitions de Bou
Hamara. La France exige une demande officielle que le souverain marocain ne peut rédiger, et pour cause. L'assassinat du Dr
Mauchand à Marrakech sert de prétexte, assez injustifié, pour que Lyautey décide de venir à Oujda. Les autorités marocaines,
Amel Benkerroum en tête, viennent au devant des militaires français, pour les accueillir.
Aucune des tribus ayant soutenu le rogui, et continuant à le soutenir, ne manifeste d'hostilité à l'égard de cette présence
qui rassure la population rurale, rançonnée, à tour de rôle, par les roguistes et les maghzen [1]. Seuls, les Beni Snassen
opposent une résistance dans la ligne de leur attitude précédente.
Il faut attendre 1934 pour que la venue, programmée par les autorités du Protectorat, du sultan Mohammed Ben Youssef à
Oujda crée un mouvement de sympathie en sa faveur.
C'est surtout après 1945 que le mouvement nationaliste urbain érige le sultan en emblème de la lutte anticoloniale ; les
évènements de 1948 catalysent la violence de ce mouvement.
Oujda et l'Algérie
. Oujda a accueilli de nombreux réfugiés algériens durant la lutte de libération algérienne dont parmi eux les parents de
l'actuel président de la république algérienne Abdelaziz Bouteflika qui y naquit, vécut et étudia jusqu'à l'âge de 20 ans.
. Oujda a servi de base arrière et d'appui à de nombreux indépendantistes algériens du FLN (tel que Houari Boumédienne , Ben
Bella); de cette ville transitèrent de nombreuses armes marocaines et étrangères vers l'actuelle Algérie. Les douaniers du
Maroc ont établi de nombreuses fausses pièces d'identité aux résistants algériens et couvert leurs passages.
. De nombreux algériens de l'Est ( regions de Tlemcen et Oran en particulier)sont venus travailler pour et dans les mines
coloniales ou étudier à Oujda ; nombreux habitants de Oujda et sa région s'étaient installés dans des villes frontalières
algériennes proches ( regions de Tlemcen et Oran en particulier).
.Suite à des différends régionaux et frontaliers entre le roi Hassan II et le président Boumédienne, Oujda va accueillir
des milliers de conjoints marocains et leurs enfants ( issus de couples mixtes algéro-marocains ) expulsés d'Algérie . En
réponse, Le Maroc va expulser par Oujda plusieurs centaines d'algériens ( en particulier des notables et diplomates) vivant
sur son sol.
Comme toutes les villes frontalières, Oujda abrite de nombreux couples algéro-marocains. Suite à l'expulsion, il existe
peu de couples algéro-marocains en Algérie.
Du fait des nombreux points communs ( ethniques, historiques et culturels) et des migrations entre Oujda et l'Est
algérien, Oujda est devenue le berceau du Raï marocain et s'est jumelée à Oran.